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Coutumes de la bourgeoisie au XIXème siècle


De quelles obligations ne se chargeait-on pas dans la société d'alors ? Quand on entrait dans une maison ou un appartement, il convenait d'aller saluer ses voisins et de faire la même chose en quittant le logis. Quand un membre de la famille partait pour un voyage de quelque temps, il avait soin d'aller au préalable rendre visite à ses oncles et tantes avant le départ, sous peine de les froisser, et de les resaluer après le retour. Au premier janvier, rendre visite à toutes ses relations mondaines était indispensable. Antoine Roussel1 que toutes ces visites excédaient avait une façon bien à lui de les faire. Laissant son épouse dans la voiture, il sonnait et quand un domestique ouvrait la porte, il questionnait rapidement :
- Monsieur et Madame ne sont pas là, n'est-ce pas ?
Et sans laisser au domestique interloqué le temps de répondre, il lui tendait sa carte de visite et s'enfuyait.

Quand on avait eu un enfant, quarante jours plus tard, c'étaient les relevailles de la jeune mère. Les oncles et tantes, frères et sœurs étaient conviés à une messe matinale, suivie d'un petit déjeuner en famille. Pour les fiançailles, à un jour fixé d'avance, c'était un défilé d'amis pour les félicitations chez la jeune fille. Après un grand dîner s'imposait la visite de " digestion " et c'eût été très incorrect de ne pas souhaiter la bonne année à toutes les personnes qui vous avaient reçu au cours de l'année écoulée. Que reste-t-il de tous ces rites, basés au fond sur la politesse et le souci de faire plaisir aux autres ? A peu près rien.

(...) Ce qu'étaient les villes en ce temps-là ? Des rues calmes où s'entendaient les bruits cadencés des chevaux tirant les calèches ou voitures fermées, les cris des marchands ambulants qui passaient tous les jours : " Peaux de lapin ! ", " Aiguisage ! ", le grincement des tramways qui sillonnaient la ville, le fort roulement des voitures tirées par de gros percherons et qui transportaient les balles de laines. Entre Lille et Roubaix ou Tourcoing circulait un tramway rapide appelé le Mongy, mais volontiers on allait à pied à Roubaix, trois kilomètres ne faisant peur à personne.

Anne-Marie Le Grain d'Heilly (1913 - 2000), ma grand-mère.


NOTES
1 - Antoine Marie Joseph Roussel (1840 - 1902), grand-père de l'auteur.

Graphiques par Lucie